9 février 2020

À la découverte du Parc National de Zakouma

Dans ma quête de découvrir l’immense potentialité que regorge le Tchad, je guettais constamment les possibilités de voyage à l’intérieur de ce beau pays d’Afrique centrale. Et parfois les moments opportuns arrivent à tout bout de chemin. Je suis donc tombé à pic sur une occasion qui m’a permis de me rendre à un endroit que je compte visiter absolument. Il s’agit d’un périple à bus qui nous amènera au sud-est du Tchad, précisément au Parc National de Zakouma.

Situé à une dizaine de kilomètres d’Amtiman, capitale de la province du Salamat, le Parc  National de Zakouma est l’une des grandes réserves au monde qui regroupe diverses espèces animales dont certaines sont en voie de disparition.

Zakouma Youth Safari, 3ème édition

L’initiative du voyage émane de Chad Volunteers, une organisation qui œuvre dans le domaine humanitaire et entend contribuer au développement du Tchad à travers le volontariat. Depuis 2017, elle organise un voyage de N’Djamena à destination de Zakouma  dans le but d’amener les jeunes à découvrir le plus beau parc du pays et avoir des moments de partage avec la population environnante. Donc notre safari s’avère être plus ciblé activités communautaires que touristiques.

Un long voyage, ça se prépare 

Comme tout voyage nécessite au préalable une préparation, Chad Volunteers a dû travailler scrupuleusement et dans le moindre détail au bon déroulement du voyage. Et donc ce jour, 22 janvier 2020 au petit matin, muni de mon sac à dos et d’un couchage, j’ai joint mes compagnons de route sur l’avenue Maldom Bada où un bus affrété par l’Office National de Promotion du Tourisme, de l’Artisanat et des Arts est au rendez-vous. Avant de prendre un siège dans le bus, nous disposons nos bagages sur les ridelles du bus. Il faut tirer une couverture par-dessus en guise de protection contre le soleil et la poussière.

Sur l'Avenue Maldom Bada, une vue du bus prêt à démarrer.
Crédits photo: Chad Volunteers
Sur l’Avenue Maldom Bada, une vue du bus prêt à démarrer.
Crédits photo: Chad Volunteers

Ainsi les premières traces de la voiture ont été dessinées aux environs de sept heures comme convenu la veille. Nous traversons petit à petit les quartiers reculés de N’Djamena, laissant derrière nous les buildings, les viaducs et autres vacarmes de la capitale.

Itinéraires du voyage

A bord, je suis assis parmi les 32 personnes inscrites pour cette édition. Au début, du fait de la fatigue et du stress du voyage, un silence planait dans le bus faisant place au bruit  du moteur et au sifflement du vent. Mais à quelques heures de route, l’ambiance commence à prévaloir. Un haut parleur servait d’animation et tenait en haleine tout le monde, l’on ne sentait plus le poids du trajet. Les premières notes du titre «Bella » du chanteur MH réveillent au plus fou d’entre nous le démon de la danse. Bref, chacun de nous est incapable de résister au rythme de la musique. Nous sommes plongés dans le vrai safari.

Dans le bus. Crédits photo: Ahmat Oubaidah
Dans le bus. Crédits photo: Ahmat Oubeidah

A un peu plus de 100 kilomètre de route, nous arrivons à Ngoura. Le bus fait donc un arrêt pour le petit déjeuner. Nous avons droit à un sandwich de viande hachée mélangée aux omelettes. Et pour joindre l’utile à l’agréable, les organisateurs nous servent des boissons sucrées gardées au frais dans une glacière.

Arrêt du bus à Ngoura. Crédits photo: Annadjib
Arrêt du bus à Ngoura. Crédits photo: Annadjib
Vue d'une colline à Ngoura. Crédits photo: Yacoub
Vue d’une colline à Ngoura. Crédits photo: Yacoub

La pause n’a durée que quelques minutes. Il fallait se dépêcher pour reprendre le chemin, car la route est encore longue.

Le chauffeur engage promptement la voiture à une vitesse constante. A travers les vitres on observe un mouvement donnant l’allure d’un travelling qui balaie un paysage sublime: arbres, champs de mil et autres scènes de la vie en brousse. Ces vues détournent momentanément mon regard puis le porte vers l’Est, là où se dressait le mont Abtouyour. De loin on observe une élévation d’un coin très haut de la montagne qui ressemble à une roche née d’une éruption volcanique. Il a une forme splendide, on dirait une pierre taillée par un sculpteur. On ne peut qu’être fasciné par son environnement qui soudainement cache le village du même nom par la végétation des grands arbres. Le mont Aptouyour est l’un des plus hauts sommets du Tchad.

Une Vue du mont Aptouyour. Il se trouve dans la province du Guéra. Crédits photo: Yacoub
Une Vue du mont Aptouyour. Il se trouve dans la province du Guéra. Crédits photo: Yacoub

Après avoir parcouru 500 kilomètres, une pause programmée s’impose à Mongo. Il est environ quatorze heures quand le bus fait son entrée dans cette ville, chef lieu de la province du Guéra. Ici, nous avons mis plus de temps que prévu. Néanmoins, cette escale nous a permis de passer un moment convivial autour d’une grillade préparée par nos amis mongolais.

Après avoir fait le plein de carburant, nous avons quitté Mongo vers seize heures. A la sortie, nous assistons à un spectacle impressionnant de paysage qui s’offre à nous. Il s’agit d’une chaine de montagnes appelée « reine du Guéra ». De loin on peut observer clairement la chaine sous forme d’une femme allongée sur le dos laissant apparaître des détails surprenants : son collier qui entoure le cou, sa longue chevelure étalée derrière la tête, ses bras croisés en dessous de ses seins et enfin la petite courbure qui sépare le front du nez. Sur ce regard admiratif, nous nous éloignons progressivement de la reine du Guéra.

La reine du Guéra. Crédits photo: Annadjib
La reine du Guéra. Crédits photo: Annadjib

A environ 100 kilomètres de Mongo, nous arrivons à Mangalmé. C’est ici que notre chemin sur la route bitumée s’arrête. Petit à petit le soleil disparait, le jour laisse place au crépuscule. Nous entamons maintenant la suite du trajet en terre battue. Il ne reste pas beaucoup de chemin à parcourir mais tout semble indiquer que le calvaire de notre voyage va commencer. Le bus serpente alors la forêt aux arbres d’acacia qui longe la route. Le chauffeur s’arrête brusquement pour dévier les nids de poule et grands trous qui se trouvent en plein chemin. Cette situation entraine non seulement des secousses insupportables mais rend pénible le déplacement. Ainsi, nous traversons l’étape fatidique du voyage.

A deux heures du matin, nous franchissons Goz Djarat, un village situé à dix sept kilomètres du Parc National de Zakouma. Devant le grand portail qui mène au parc, la garde nous soumet au respect des règlements en vigueur. Il est question d’attendre jusqu’à cinq heures et trente minutes pour avoir le passage. C’est ainsi que nous avons dû passer le restant de la nuit dans la voiture.

Au petit matin du jeudi 23 janvier, nous verrons le jour sur Goz Djarat, s’ouvre alors le grand portail. Au terme d’un long voyage qui a duré plus de 10 heures, nous sommes arrivés enfin à destination.

Une vue du village Goz Djarat. Crédits photo: Yacoub
Une vue du village Goz Djarat. Crédits photo: Yacoub
L'entrée principale du  Parc National de Zakouma. Crédits photo: Annadjib
L’entrée principale du Parc National de Zakouma. Crédits photo: Annadjib

Le camp Dari est désormais notre lieu d’accueil. Un endroit où les tamariniers et autres végétations parfument notre séjour dans des cases, créant ainsi un environnement unique où la richesse naturelle nous fait profiter encore plus d’un repos mérité.

Un ensemble des cases du Campement Dari. Crédits photo: Yacoub
Un ensemble des cases du Campement Dari. Crédits photo: Yacoub
Vue d'un regroupement au boukarou d'accueil du Campement Dari. Crédits photo: Yacoub
Vue d’un regroupement au boukarou d’accueil du Campement Dari. Crédits photo: Yacoub

Visions

Durant notre séjour au parc, nous avons eu à faire plusieurs activités. Cependant la principale activité est celle que les organisateurs ont nommés « Visions ». Elle consiste à effectuer des promenades qui permettent d’aller à la rencontre d’une faune exceptionnelle.

Vue d'une promenade à bord d'une voiture. Crédits photo: Yacoub
Vue d’une promenade à bord d’une voiture. Crédits photo: Yacoub

Que signifie Zakouma ?

Selon les explications données par le guide qui nous accompagne, Zakouma vient du mot arabe « Zoukhoum » qui signifie le pélican. Un nom donné par les colons qui exploraient cet endroit. C’est ce qui justifie la forte concentration de cette espèce d’oiseau aux alentours de Bahr Salamat.

Une vue de la rivière Bahr Salamat. Crédits photo: Yacoub
Une vue de la rivière Bahr Salamat. Crédits photo: Yacoub
Des antilopes autour du Bahr Salamat. Crédits photo: Yacoub
Des antilopes autour du Bahr Salamat. Crédits photo: Yacoub

Créé en 1963, le Parc National de Zakouma s’étend sur une superficie de 3000 kilomètres carrés. Il abrite plusieurs espèces animales et végétales rares. On y trouve des grands mammifères comme l’éléphant, le lion, la girafe, le buffle, le léopard, l’hyène, l’antilope etc. Mais aussi des oiseaux comme la grue couronnée, l’autruche, le vautour et bien d’autres.

Les animaux que j’ai croisés sur mon chemin

Une vue de deux girafes de kordofan. Crédits photo: Ahmat
Une vue de deux girafes de kordofan. Crédits photo: Ahmat

La girafe est l’un des animaux que je croise à chacune de nos sorties. Selon les explications du guide, 50% de la population mondiale de la girafe de Kordofan se trouve dans le Parc de Zakouma.

Un troupeau des girafes de Kordofan. Crédits photo: Ahmat
Un troupeau des girafes de Kordofan. Crédits photo: Ahmat
Un éléphant. Crédits photo: Yacoub
Un éléphant. Crédits photo: Yacoub

L’éléphant a été longtemps la cible préférée des braconniers. Entre 2002 et 2010, près de 4000 éléphants ont été tués pour leurs défenses d’ivoire. Grâce aux moyens de surveillance déployés par African Parks ( l’ONG qui gère le parc), les attaques contre ce mammifère ont baissées considérablement. Ainsi le nombre de la population d’éléphants dans le parc dépasse 550 individus (source : africanparks.org)

Vue de près d'un éléphant. Crédits photo: Yacoub
Vue de près d’un éléphant. Crédits photo: Yacoub

Dans le Parc National de Zakouma, on y trouve plusieurs espèces d’antilopes: La Bubale, l’Antilope Cheval etc.

Antilope Cheval. Crédits photo: Yacoub
Antilope Cheval. Crédits photo: Yacoub
De plus près, une antilope Bubale. Crédits photo: Yacoub
De plus près, une antilope Bubale. Crédits photo: Yacoub
Une espèce d'antilopes. Crédits photos: Yacoub
Une espèce d’antilopes. Crédits photos: Yacoub

Aux alentours du camp Dari, on y trouve également des buffles. Ils font partie des animaux les plus dangereux du parc. À notre arrivée, les premières consignes qui ont été données c’est d’éviter les sorties en dehors des promenades communes. Au risque de croiser un troupeau des buffles sur le chemin.

Vue de deux buffles. Crédits photos: Yacoub
Vue de deux buffles. Crédits photos: Yacoub
Vue de loin d'un lion.  Crédits photo: Yacoub
Vue de loin d’un lion. Crédits photo: Yacoub
Vue de près d'un lion.  Crédits photo: Ahmat
Vue de près d’un lion. Crédits photo: Ahmat
Autruche. Crédits photo Yacoub
Autruche. Crédits photo Yacoub
Des crocodiles sorties des eaux du Bahr Salamat. Crédits photo: Yacoub
Des crocodiles sorties des eaux du Bahr Salamat. Crédits photo: Yacoub
Restaurant de l'hôtel Tinga du Parc National de Zakouma. Crédits photo: Yacoub
Restaurant de l’hôtel Tinga du Parc National de Zakouma. Crédits photo: Yacoub
Ensemble des cases de l'hôtel Tinga du Parc National de Zakouma. Crédits photo: Yacoub
Ensemble des cases de l’hôtel Tinga du Parc National de Zakouma. Crédits photo: Yacoub
Vue d'un coucher de soleil dans le Parc National de Zakouma. Crédits photo: Yacoub
Vue d’un coucher de soleil dans le Parc National de Zakouma. Crédits photo: Yacoub

Le Parc National de Zakouma est une merveille. Venir dans cet endroit c’est observer le beau paysage montagneux sur la route, c’est admirer la forte concentration des oiseaux autour de la rivière Salamat, c’est aussi avoir la chance de croiser les grands animaux de la forêt… C’est avant tout une expérience humaine pour paraphraser mon ami Annadjib. Cher lecteur je vous invite à suivre ce lien pour lire un article qui parle d’un autre aspect de ce patrimoine naturel.

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Commentaires

Abdoulaye
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Félicitations mon frère tu as vraiment décrit notre aventure

Amandine
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Un endroit tout simplement naturel et magique a visiter par tous.bravo Yacoub pour le récit et bonne chance

Aly Mahamat Bello
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Quel bel article ! Tu l'a écrit dans un style qui embarque le lecteur. Un style ''visuel'' qui nous permet de vivre la scène. Félicitations Yacoub. Je viens de découvrir ton 2e talent...

Mouaz
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Bonne initiative, persévérance les gars...

magayagrace1@gmail.com
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Waou... quel bel article? Bravo Yacoub.