Ça sent mal

Article : Ça sent mal
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10 novembre 2016

Ça sent mal

Au Tchad, ces derniers temps, le service public tourne au ralenti. Pour cause, la grève lancée par la centrale syndicale UST (Union des Syndicats du Tchad), pour revendiquer les arriérés de salaire. Cette grève concerne plusieurs secteurs prioritaires comme la santé ou l’éducation. Ce qui m’a motivé à écrire ce billet est la crise qui gangrène le secteur éducatif, le fait de voir les portes de l’école publique fermées, le fait de voir nos petits rester chez eux, le fait de voir aussi un établissement privé, le lycée Sacré-cœur rappeler les parents d’élèves à venir récupérer les frais d’enseignement de leur progéniture. Ça sent très mal.


Chaque matin en sortant de la maison, je croise un groupe d’enfants qui jouent au foot sur la route que j’emprunte pour me rendre au boulot. Ces enfants courent derrière le ballon, les mottes crevaient sous leurs pieds se transforment en poussière, dérangeaient parfois même la circulation. Si un passant ne fait pas attention, il risque d’avoir un coup de ballon à l’insu de ses gamins, chacun veut profiter du débrayage pour devenir Messi ou Ronaldo. Je rigole !

Mais sérieusement je suis une personne optimiste qui croit toujours à un avenir meilleur. Quiconque me connaît vous dira que je ne suis pas du genre à dramatiser une quelconque situation.

Mais aujourd’hui avec cette allure de grève permanente et cyclique, je suis très inquiet pour l’avenir de jeunes Tchadiens. Donc, cette situation m’interpelle à plus d’un titre.

Education, un droit pour tous !

Depuis le 15 septembre 2016, c’est-à-dire, depuis le retour des vacances, il n’y a pas eu cours dans les écoles publiques. Les enfants attendent que les enseignants soient payés avant la reprise. Cependant, leurs camarades des établissements d’enseignement privés suivent normalement les cours. L’on se demande que font nos responsables en charge de l’éducation nationale pour résoudre cette crise une bonne fois pour toutes ? Rien ! Oui rien, parce que l’avenir de leurs enfants n’en dépend pas, car ils étudient à l’étranger. Mais ne dit-on pas qu’aller à l’école, apprendre à lire et à écrire est un droit dont tous les enfants doivent bénéficier ? Qu’ils soient pauvres et riches, les enfants doivent accéder à un enseignement de qualité.

La crise économique

Ce dernier temps, on nous crie sur tous les toits que la chute du prix du baril de pétrole sur le marché a affecté l’économie du pays, conséquences: la trésorerie se vide, l’Etat n’arrive pas à payer régulièrement les fonctionnaires. Et donc il faut réagir très vite. C’est pour cela que le gouvernement a pris des mesures pour soit disant permettre de renflouer les caisses de l’Etat, parmi elles la suppression de 50% des indemnités de tous les fonctionnaires. Ces mesures sont tous simplement rejetées par ces derniers, notamment les enseignants.

Depuis, un dialogue de sourds s’installe entre les syndicats des enseignants et le Ministère de l’Education Nationale et celui de l’Enseignement Supérieur. Mais en quoi sommes-nous responsables de cette crise ? Pourquoi ce pétro-dépendance ? Le Tchad n’a-t-il pas d’autres sources de revenues ? Le temps de trouver une réponse à toutes ces questions, nos petits trouveront le chemin du filet pour marquer des buts !

L’émergence du Tchad

S’il y a un compteur des mots les plus utilisés, le mot « émergence » remportera un coup « KO » au Tchad. Ce mot était sur toutes les lèvres de nos dirigeants ces dernières années. Pour se rendre à l’évidence, il suffit de suivre la télévision nationale. Il ne se passe pas un jour où l’on n’écoute ce mot dans leurs discours: « l’émergence du Tchad à l’horizon 2030, le Tchad que nous voulons… ».

À mon humble avis, l’émergence du Tchad doit passer d’abord par l’émergence de l’éducation. La génération future est sans doute ces enfants là, ils sont les citoyens et dirigeants de demain. Donc, leur formation doit être la priorité. Pour cela, on doit se donner les moyens pour résoudre définitivement les maux qui gangrènent le système éducatif tchadien, améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants pour pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes afin de concrétiser la vision du « Tchad que voulons ». Nelson Mandela disait

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde »

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